L’Acadie

Drapeau de l’Acadie

Le territoire connu pendant plus de deux siècles sous le nom d’Acadie comprenait la côte atlantique du Canada et correspondait approximativement aux trois provinces actuelles de Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard.

Drapeau Basque
Drapeau Breton

Ces côtes furent très tôt fréquentées par des Basques, chasseurs de baleines, et par des pêcheurs de morue Bretons et Normands, comme le rappelle, encore aujourd’hui, le drapeau  de Saint-Pierre-et-Miquelon

C’est en 1524 que le nom Acadie est employé pour la première fois, par un italien, Giovanni de Verrazzano, qui explore le littoral nord-américain (de l’estuaire de l’Hudson jusqu’à Terre-Neuve). Il est à ce point impressionné par la beauté du paysage et la végétation luxuriante qu’il surnomme l’endroit « Arcadie« , en souvenir d’un féerique paradis terrestre dont les poètes de la Grèce antique ont tant célébré la douceur de vivre. Orthographié plus tard sans la lettre « r », le nom désignera la région des Maritimes. Certains établissent sa source chez les Amérindiens rencontrés par Verrazzano, qui répétaient un mot dont la consonance était quoddy, ou akade, ou cadie, qui veut dire « un lieu ». Il pourrait s’agir aussi de l’expression des Indiens Micmac a-kaa-dik, signifiant « lieu où l’on se trouve ».

Drapeau de la France en 1682

Le premier établissement durable en Acadie remonte à 1604. Pierre du Gua, sieur de Monts, obtint un monopole de commerce et fonda un premier poste à l’île Sainte-Croix. Après un hiver désastreux, il transporta cette colonie à Port-Royal. En 1613, les jésuites fondèrent une colonie rivale à Saint-Sauveur. Mais l’Angleterre et la France réclamaient le même territoire, et un corsaire virginien, Samuel Argall, vint détruire les deux postes français. En 1628, une colonie écossaise fut établie à Port-Royal, et le pays nommé Nouvelle-Écosse. Le territoire passa successivement, et à plusieurs reprises, sous domination française puis anglaise.

Quand en 1670 l’Acadie fut rendue à la France, la colonie connut un regain de vie. Colbert y envoya plusieurs contingents de soldats et de colons. Mais cet essor dura peu. Les gouverneurs d’Acadie demeuraient soumis à ceux du Canada, et le Saint-Laurent attira toujours davantage l’attention de la métropole. L’Acadie ne se développait que lentement, par ses seules forces. En conflit avec les autorités religieuses, l’intendant Talon est rappelé en France. Il est remplacé par le comte Louis de Frontenac, qui devient gouverneur général de l’Acadie de 1672 à 1682 puis de 1689 à 1698. En 1682, encouragé par le gouverneur de Frontenac, Robert Cavelier de La Salle descend le Mississippi (à l’origine appelé le Mescacébé par les indiens) jusqu’au Golfe du Mexique et prend possession de la Louisiane, dont la fondation sera effective le 24 avril 1699 grâce à Pierre Le Moyne d’Iberville. Pour son malheur, à cause de sa situation stratégique et des bancs de pêche qui longeaient ses côtes, elle demeurait constamment l’objet des convoitises américaines. De 1654 à 1710, Port-Royal fut assiégé six fois. La dernière attaque, celle de Nicholson en 1710, amena la cession de toute l’Acadie à l’Angleterre par le traité d’Utrecht (1713).

La situation demeurait néanmoins tendue entre le Canada et les colonies anglaises, de même qu’entre les deux métropoles. La guerre de la Succession d’Autriche (1744-1748) avait révélé la vulnérabilité de la Nouvelle-Écosse, et les autorités anglaises décidèrent d’occuper effectivement la province en y installant des colons anglais et en fondant Halifax (1749).

La présence des Acadiens posait un délicat problème : ils occupaient les meilleures terres et, en cas de guerre, leurs sympathies françaises créeraient un danger. Plusieurs fois, il avait été question de les expulser, mais Londres avait refusé, pour des raisons d’opportunité, d’approuver cette mesure draconienne. L’imminence d’une nouvelle guerre fit taire ces scrupules.

LE « GRAND DÉRANGEMENT »

En 1755, la décision fut prise de les déporter en masse. Le Grand Dérangement est en marche. Les Acadiens, aidés par les Amérindiens, tenteront de résister, mais leurs forces étant beaucoup trop faibles, ils ne pourront éviter la tragédie.On les embarqua donc sur des navires et on les dispersa dans les colonies américaines. Celles-ci accueillirent fort mal ces indésirables. Là où ils purent débarquer, les Acadiens vécurent en parias, au milieu d’une population hostile. Ceux qui avaient échappé passèrent plusieurs années dans les bois et le long des côtes, traqués comme des bêtes sauvages et décimés par la misère et la maladie.

La plupart finirent par faire leur soumission et furent emprisonnés à Halifax et Beauséjour. Environ 3 000, anciens colons ou réfugiés, furent capturés à l’île Saint-Jean, après la prise de Louisbourg, et expédiés en Angleterre. On estime que, sur une population de quelque 15 000 habitants, de 6 000 à 7 000 personnes avaient été dispersées dans les colonies américaines, 3 000 avaient été transportées en Angleterre, puis en France, plus de 1 500 étaient mortes noyées en mer, ou victimes de la famine ou des épidémies. Environ 1 500 avaient réussi à s’échapper vers Québec et la baie des Chaleurs, et il restait en Nouvelle-Écosse approximativement un millier d’errants ou de prisonniers.

Après le traité de Paris (1763), l’hostilité persista encore quelques années, puis fit place à des mesures plus libérales. Ceux qui étaient demeurés purent obtenir des terres ; les exilés purent rentrer dans leur pays ; plusieurs groupes revinrent de Québec et de Miquelon ; des caravanes entières parcoururent à pied le chemin de Nouvelle-Angleterre au Canada. Ils s’établirent au Cap-Breton, à la baie Sainte-Marie, dans les régions de Memramcook et de Caraquet.

Pendant de longues années, les Acadiens vécurent dans l’obscurité et l’isolement, souvent exploités, sans écoles, soutenus seulement par la présence de quelques missionnaires. Leur nombre cependant augmentait rapidement. Ils finirent par exercer une certaine influence et par obtenir des représentants aux assemblées législatives. En 1854, l’abbé Lafrance fondait l’académie de Memramcook, qui devint plus tard collège puis université. D’autres collèges s’établirent à Bathurst, à la Pointe-de-l’Église, puis à Edmundston. De ces institutions allaient sortir une élite instruite, un clergé et des professionnels.

Graduellement et sans heurts, les Acadiens ont réussi à reconquérir une place dans leur ancienne patrie. Presque tous catholiques et francophones, ils résistent assez bien à l’assimilation au Nouveau-Brunswick, où ils forment un bloc compact. En 1766, 216 Acadiens de la Nouvelle-Écosse arrivent en Louisiane (colonie française cédée à l’Espagne en 1762) où l’on accueille aussi en 1767 des Acadiens du Maryland. En 1766, environ 90 exilés du Massachusetts se rendent à Québec.

Les relégués en Europe connaissent un sort tout aussi adverse. Ceux que la Virginie avait rejetés en 1755 ont été décimés par une épidémie de petite vérole. A leur libération, les survivants traversent en majorité la Manche vers la France, où se trouvent déjà des milliers de déportés dispersés dans les ports de la côte atlantique, de Boulogne à Bordeaux, en passant par Saint-Malo, Nantes ou La Rochelle.

L’État leur verse une pension, et pendant une vingtaine d’années tentera sans grand succès de les relocaliser en Guyanne française, aux Malouines, à Saint-Domingue, à Belle-Île-en-Mer ou en Corse. Des Acadiens émigrent aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon, et en 1774 d’autres acceptent de devenir des employés de marchands-pêcheurs de l’île de Jersey, installés dans le Golfe du Saint Laurent.

La vague d’immigration la plus importante a lieu en 1785 vers la Louisiane, où l’Espagne, soucieuse de renforcer sa position, ramène 1600 Acadiens.

Acadiana (USA)
Acadie (CANADA)

Lors du congrès suivant, le 15 août 1884 à Miscouche sur l’Île-du-Prince-Edouard, les Acadiens créent leur signe de ralliement : un drapeau, le tricolore étoilé, et un hymne, Ave Marie Stella. Soumis à la convention par le père Marcel-François Richard, le drapeau s’apparente à celui de la France, dont il a gardé la base tricolore bleu-blanc-rouge en hommage à la terre d’origine des pères fondateurs, mais s’en distingue par l’étoile qui frappe sa partie bleu.


L’étoile

Symbolique de la Vierge Marie, glorifiée dans l’hymne acadien, cette étoile, stella-maris – étoile de mer – est aussi celle qui guide le peuple acadien à travers les épreuves, à l’image des marins traversants orages et écueils. Pour souligner le rôle de l’Église catholique romaine dans l’histoire de l’Acadie, elle porte la couleur papale, le doré.

En 1955, l’Acadie se plonge dans le souvenir, et, célébrant le bicentenaire du Grand Dérangement, commémore la souffrance subie deux cents ans auparavant : en rappelant au monde le martyr de leurs ancêtres, les Acadiens veulent démontrer qu’ils n’oublieront jamais. Les Acadiens de Louisiane (ACADIANA) créent cette année là leur drapeau acadien où figure le fort des premiers colons français et les fleurs de lys de Louis IV d’ou vient le nom: Louisiane.